UN TOUR DE PASSE-PASSE qui rapportera au producteur et au distributeur
du film « Dogville » plus de 2 Millions de Francs
(soit + 300 000 Euros) de soutien du CNC sans même que le producteur double
l’emploi de quelques-uns des techniciens résidents à l’étranger
par des techniciens résidents français pour justifier du nombre
de points minimum pour que le film soit agréé.
Les représentants du SNTPCT à la Commission d’Agrément ont été les seuls à s’opposer à l’Agrément de ce film avant comme après tournage, considérant comme illicite le comptage des points de ces emplois au profit de la Société de production française. Le film « Dogville » n’est ni un cas d’espèce, ni le seul exemple de délitement financier du Fonds de Soutien de l’Etat au profit de producteurs qui n’emploient ni techniciens ou ouvriers résidents français et n’ont recours à aucune de nos industries techniques. Ci-après, la lettre que nous avons adressée le 24/12/2003 au Directeur Général du CNC ; lettre dont nous avons transmis copie au Premier Ministre et au Ministre de la Culture. Monsieur le Directeur Général, Lors de la Commission d’Agrément du 10 décembre 2003 a été soumis le dossier du film « DOGVILLE », coproduction entre la France (25,58%), le Danemark (28,21%), la Suède (14,21%), les Pays-Bas (10%), l’Angleterre (10%) et l’Allemagne (10%). Les entreprises de production française sont les Sociétés
SLOT MACHINE et LIBERATOR 2. Le coproducteur danois, la Société ZENTROPA ENTERTAINMENTS8 a pour dirigeant Peter AALBAEK Jensen, également gérant de LIBERATOR 2. Autrement dit, dans les faits, il s’agit d’une coproduction
dano/danoise. Le tournage a eu lieu en totalité en Suède. Au-delà de ces 2 techniciens résidents français figurent
comme salariés employés par le coproducteur « franco/danois
», SLOT MACHINE, 4 techniciens résidents étrangers : Pourquoi ces techniciens résidant et travaillant à l’étranger,
le film étant tourné en totalité en Suède, sont-ils
passés juridiquement sous la bannière sociale de la Société
coproductrice siégeant en France, c’est-à-dire sous la bannière
sociale d’un pays où ils ne sont ni résidents, où
ils n’exercent aucune activité et où ils ne seront aucunement
demandeurs d’emploi et inscrits comme tels à l’ANPE ? Un artifice juridique Ainsi, la Société SLOT MACHINE prétend totaliser 6 points
pour l’emploi de techniciens au lieu de 2 points si l’on considère
que ne peuvent être pris en compte que les seuls salariés résidents
français. A l’étude de ce dossier, la Commission d’Agrément a considéré que ce producteur ne réunissait pas les 25 points mais seulement 23 (en retirant 2 points à la ligne « Laboratoire de tournage » le film étant d’initiative étrangère) et s’est prononcée à l’unanimité et dans tous les cas contre l’obtention d’une dérogation aux 25 points. Je suis intervenu en soulignant que les 4 points pour l’emploi des techniciens de nationalité danoise, anglaise et hollandaise, tous résidents à l’étranger ne devaient pas être pris en compte pour l’attribution de points ; que de manière générale, tant pour les techniciens que pour les ouvriers dans le cas de coproductions internationales, le critère de résidence permanente devait être le seul critère pris en compte. Ma proposition n’a été retenue ni par les représentants
du CNC, ni par les membres de la Commission. Contraire à l’Accord de coproduction A ma grande surprise, j’ai constaté que : Autrement dit, au cas particulier, la production de ce film, pour la partie française, ne peut en aucune manière comptabiliser 25 points, ni même 23 ; 4 points pour l’emploi des techniciens devant être retirés. La Société de production française ne comptabilise
pas les 25 points minimum pour que le film soit agréé. Et indépendamment de l’interrogation sur les 2 points que se compte
le Producteur pour l’équipement Dans le cas où ces 4 points (laboratoire de tournage et équipement prises de vues) seraient validés et si les 4 points pour l’emploi de techniciens résidents étrangers n’étaient pas retirés, alors ce film serait agréé. Un détournement de Fonds publics Monsieur le Directeur Général, l’exemple de ce film illustre les détournements du Soutien financier de l’Etat qui se pratique sur de nombreux films de coproduction. Le Directeur Général ne répond pas Le CNC finance la délocalisation de l’emploi et de nos
industries. Ainsi, cet artifice juridique leur permet non seulement de ne pas employer de techniciens et d’ouvriers résidents français mais de bénéficier des Fonds de Soutien production et distribution qui, eux, « résident » bien en France. Monsieur le Directeur Général, notre Syndicat vous demande solennellement de bien vouloir prendre les mesures réglementaires nécessaires afin de mettre un terme à ces habillages juridiques abusifs permettant à certaines Sociétés de production et de distribution de bénéficier indûment du soutien financier de l’Etat. Dans l’attente, veuillez agréer, Monsieur le Directeur Général,
nos salutations les plus respectueuses. |