Depuis 1946, les cinq grandes centrales syndicales que sont la C.G.T., la C.F.D.T., la C.F.T.C., la C.G.C. et F.O. bénéficient d’une représentativité “de droit” dans tous les secteurs professionnels, et ce quel que soit leur nombre d’adhérents. Cette représentativité, basée sur des critères datant d’une loi de 1945, leur permet de réglementer des secteurs professionnels où ils n’ont aucune représentativité réelle, et où ils défendent donc des intérêts qui peuvent être différents de ceux des salariés. Cette situation paradoxale a sans doute contribué à donner des syndicats l’image d’organisations politiques qui défendent des intérêts partisans.
Ce n’est pas le cas du S.N.T.P.C.T.
Fondé en 1937, affilié jusqu’en 1981 à la CGT, le SNTPCT est resté à la CGT lorsque celle-ci s’est scindée après la guerre pour donner naissance à FO. En 1981, la CGT a voulu imposer la confusion entre la production télé et la production cinéma. Les techniciens du SNTPCT ont refusé, défendant au contraire une spécificité du cinéma. Ils ont été exclus de la CGT, contre laquelle ils ont déposé un recours. Le procès contre la CGT gagné, le SNTPCT, devenu non-affilié, est resté représentatif au plan national en raison des 5 critères édictés par le Code du travail, dont attitude pendant la guerre (Les techniciens du SNTPCT ont été parmi les premiers à participer à la libération de Paris en 1944).
Depuis 2008 et la Loi Sarkozy, les syndicats doivent justifier d’un minimum de 8% aux élections professionnelles (élections des IRP* dans les entreprises ou ces institutions existent ou élections spécifiques dans les TPE). Mais dans notre secteur, très peu des entreprises susceptibles de nous employer n’ont de représentation du personnel, à part quelques studios. C’est pourquoi le SNTPCT a fait une demande aux Pouvoirs publics afin que la représentativité des syndicats de notre branche d’activité de la production de films d’animation soit mesurée en fonction des résultats obtenus lors d’élections spécifiques organisées par l’entremise de nos caisses de retraite.
Représentatifs dans les secteurs de la production cinéma, télé, animation, prestation de services audio vidéo, le SNTPCT ne dépend, financièrement et politiquement, que de ses seuls adhérents. Il n’a de compte à rendre à personne d’autre qu’à eux, et se sont eux qui, à égalité de voix, définissent librement et démocratiquement ses orientations et sa politique, en fonction de ce qu’ils estiment être leurs intérêts professionnels collectifs.
Mais, en contrepartie, le Syndicat n’existe pas, n’a aucun pouvoir en dehors de celui que nous lui donnons en participant à ses activités, en le représentant et en le faisant vivre. Et plus nous sommes nombreux à le faire, plus le Syndicat a les moyens de nos ambitions. Si nous ne sommes pas prêts à nous investir et comptons sur les autres pour le faire, nous courrons le risque de le réduire à l’impuissance, pour notre plus grand dommage à tous.
Les producteurs, eux, sont tous syndiqués ! Lors des négociations, le représentant du SPFA ne répond jamais directement à nos demandes. Il va rendre compte à ses mandants et réserve sa réponse à la réunion suivante.
La possibilité pour les salariés de s’organiser, de prendre en charge la défense de leurs intérêts professionnels et d’être représentés au niveau où se prennent les décisions qui détermineront leurs conditions de travail et engageront leur avenir professionnel n’est pas une faculté qui leur aurait été généreusement octroyée par un patronat soucieux de promouvoir une certaine expression démocratique des salariés. C’est un droit qu’ont obtenu ceux qui nous ont précédés au prix souvent de luttes opiniâtres.
Sachons-nous en souvenir et nous servir de ce droit.