DECLARATION DU SNTPCT, 5 Avril 2004
En juin 2001, le Ministre de la Culture et le Directeur Général du C.N.C. ont supprimé les obligations réglementaires du Code de l’Industrie Cinématographique faites aux producteurs d’employer ouvriers et techniciens pour bénéficier du Fonds de Soutien de l’Etat.
A été ainsi ouverte en grand, aux producteurs, la possibilité de délocaliser et d’externaliser l’emploi des ouvriers et techniciens tout en étant garantis de ne pas perdre un centime des fonds de soutien Cinéma et Téléfilm (Cosip).
Ainsi, les producteurs nous jettent au chômage sans aucun scrupule et nous remplacent sur les tournages par des équipes ouvrières et techniques qu’ils embauchent, sous couvert de prestations de services, sous pavillon étranger.
Les effets sur l’emploi dans la production cinématographique et
de téléfilm ne se sont pas fait attendre, selon la Caisse des
Congés Spectacles, ces deux dernières années, les ouvriers
et techniciens ont perdu 20% d’emploi.
Ce sont les travailleurs du film qui sont les plus durement touchés et
systématiquement remplacés.
CINEMA – TELEFILMS : LES DELOCALISATIONS, CA SUFFIT
!
LA SUBVENTION DE L’ETAT AUX DELOCALISATIONS AVEC L’ARGENT PUBLIC, CA SUFFIT !
C’est en 1946 que la France a créé le Fonds de soutien
à l’Industrie de la production cinématographique, c’est-à-dire
un soutien financier à l’emploi des ouvriers et techniciens et
à nos industries techniques.
C’est cette réglementation économique qui a fait que la
France soit le 1er cinéma en Europe et le 2ème cinéma mondial.
C’est cette réglementation qu’aujourd’hui les différents
Ministres de la Culture remettent en cause.
Le C.N.C. machine de guerre des délocalisations
Il y a 3 ans, nous avions appelé à manifester contre le projet de réforme des critères d’accès au bénéfice du soutien financier de l’Etat. Néanmoins, la réforme, défendue et soutenue par les syndicats de producteurs, a été adoptée.
Cette réforme a institué une grille de 100 points.
Tout producteur justifiant de 80 points (sur 100) bénéficie de
100% du soutien.
Et sur ces 100 points, l’emploi de la totalité des techniciens
et ouvriers compte pour 20 points. Bonjour l’emploi !
Soulignons que, de plus, un grand nombre de producteurs détournent la réglementation et multiplient les tricheries que le Directeur Général du CNC, sans scrupule, couvre de son autorité.
Les Gouvernements successifs, Ministres de la Culture et Directeurs Généraux
du CNC, opposent une fin de non recevoir catégorique à nos demandes
de révision de cette réglementation scélérate.
Leur réponse :
« C’est la Commission de Bruxelles qui exige cette réglementation
».
C’est une réponse mensongère.
La législation sociale du travail n’est pas européenne mais nationale.
Les Fonds de Soutien du Cinéma et du Téléfilm (Cosip) sont nationaux et payés par les spectateurs et téléspectateurs en France et non des pays d’Europe.
En un mot, la politique des Ministères de la Culture et des Directeurs du CNC, est d’aller au devant du libéralisme économique de Bruxelles, de n’y manifester aucune opposition et de subventionner la délocalisation de l’emploi des ouvriers et techniciens et de nos industries techniques, pour le plus grand profit des producteurs et des groupes de l’Audiovisuel publics et privés.
Monsieur Marc Tessier, président de France-Télévision ne déclarait-il
pas que : « les producteurs qui ont la chance de travailler en Europe
à moindre prix qu’en France auraient tort de ne pas en profiter ».
Alors que certains des pays de l’Europe ont suivi l’exemple français
et ont institué des fonds de soutien nationaux à leur production
cinématographique, en France, les Ministres de la Culture qui se succèdent
se sont engagés dans le démantèlement des Fonds de Soutien
à la production cinématographique et du téléfilm
au nom de la création d’un prétendu Cinéma Européen.
Ce concept de Cinéma Européen mis en avant est une antinomie culturelle
au sens où il renie l’identité et l’existence culturelles
propres à chacun des pays de l’Europe et un concept totalitaire.
Il n’y a pas de cinéma européen. L’Europe de la Culture,
l’Europe du Cinéma, sera celle de la diversité des cinémas
nationaux ou elle ne sera pas.
C’est là l’un des combats essentiels qu’il nous faut
mener et faire prendre en compte.
Par la remise en cause de l’emploi des ouvriers et techniciens :
- c’est l’affaiblissement de nos studios et de nos industries techniques,
- et aussi la disparition, à très court terme, des capacités technico-artistiques de notre industrie,
- c’est le CINEMA FRANÇAIS QUI EST EN PERIL.
La logique politique actuelle de diminuer les coûts de production, de subventionner la délocalisation des tournages dans des studios et en décors naturels à l’étranger, en Tchéquie, Bulgarie, Pologne, Maroc… (et demain ? là où c’est encore moins cher) est non seulement une logique anti-sociale mais aussi une logique anti-nationale et de destruction de notre industrie auxquelles les producteurs devraient réfléchir à deux fois.
NON à la France des délocalisations. NON à une
Europe des délocalisations.
La politique de délocalisation de l’industrie n’est pas propre à notre seule branche d’industrie. Elle est générale ; mais LE COMBLE pour la Production du Cinéma et la fiction télé, c’est que l’on délocalise AVEC L’AIDE FINANCIERE des deniers de l’ETAT.
PLUS UN SOU D’ARGENT PUBLIC sans qu’il
y ait une stricte contrepartie d’emploi pour les ouvriers et techniciens
résidents français y compris quand les tournages ont lieu à
l’étranger.
NOUS N’ADMETTRONS PAS que le CNC subventionne avec l’argent public notre exclusion de la production des films et téléfilms français, y compris des coproductions.
NOUS N’ADMETTRONS PAS d’être jetés au chômage
NOUS DENONCONS cette politique
contraire à l’intérêt national, contraire à
l’intérêt du Cinéma français, contraire à
l’emploi.